La marionnette

Etymologie

 

Beaucoup croient qu’il faut en rechercher l’origine dans les Marie de legno (Marie en bois) de Venise. Il était d’usage dès le Xe siècle de célébrer dans cette ville la festa della Marie en mémoire de douze fiancées enlevées, en 944, par des pirates.  Pendant huit jours, on promenait en grande pompe, dans la cité et les environs, douze belles jeunes filles richement parées. C’était le Doge qui les désignait et elles étaient mariées aux frais de la Seigneurie.  Cette sortie coûtant fort cher, le nombre des "Maries", fut réduit à quatre et même trois.  Enfin, pour mettre un terme aux discussions que soulevait le choix des Maries, on résolut de les remplacer par des poupées en bois.  Ce fut en 1349 que les Marie di legno sortirent pour la première fois ;  Si cette explication présente une analogie de formation, elle n’a aucune valeur purement étymologique.

 

Nous n’insisterons pas d’avantage sur ceux qui prétendent que le mot « marionnette » tirerait son nom d’un certain Marion qui aurait introduit les marionnettes en France sous le règne de Charles IX.

 

Il faut remonter au Moyen-Age pour découvrir la vérité. Du prénom latin Maria, fréquemment donné aux jeunes filles, le peuple avait formé Mariola. La langue française naissait et l’on créa quantité de charmants diminutifs, tels que : Marotte, Mariotte, Mariole, Mariette, Marion et même Marionnette, signifiant tous «  petite Marie chérie ». Nous pourrions citer nombre d’auteurs, mais bornons-nous à donner un exemple pour le dernier diminutif qui nous intéresse tout particulièrement.  Dans la 6e des pastourelles publiées à la suite du Jeu de Robin et Marion (Publié par M. Francisque Michel dans le théâtre français du Moyen-Age.), nous lisons : « Hé Marionnette tant aimée… ». Ces gracieux diminutifs servirent, dans la suite, à désigner la vierge et ses représentations plastiques.  A Paris même, la rue où l’on vendait tous ces objets de piété, fut appelée la rue des Mariettes et plus tard des Marionnettes.

 

Au XVIe siècle, « marionnette » désigne, non seulement toute figurine en bois, sacrée ou profane, mais on étendit le sens aux poupées soit disant surnaturelles que les sorciers adoraient.  D’innombrables procès témoignent cette dernière acception. Ce sont les « Sérées » de Guillaume Bouchet (1584 et 1608) qui nous fournissent la première mention de l’acception scénique. « On trouvait aux badineries, bastelleries et marionnettes : l’abary, Jehan de Vigness et Franc à Tripes toujours boiteux et le badin ès farces de France, bossu, faisant tous les contrefaits, quelques tours de champicerie sur le théâtre ». C’est à partir de ce moment que le mot « marionnette » prend sa signification actuelle pour désigner les pantins de bois mûs par les artistes de rue…